Résumé :
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Dans les systèmes géomorphologiques, l'évolution des formes de surface et des bassins sédimentaires est contrôlée par la tectonique, le climat et l'eustatisme. Le domaine d'application de cette étude est le Cotentin (Normandie). Le relief, développé sur des socles anciens ou sur des séries plus récentes, est constitué de plateaux d'altitudes modérées (<400 m) proches du littoral. Les premiers témoins de l'évolution plio-pléistocène montrent que le continent, encore peu incisé au Pliocène, est bordé par une plate-forme épicontinentale sur laquelle s'accumulent d'épaisses séries fossilifères dans des grabens subsidents (125 m pour 500 000 ans) le long de failles sub-verticales NW-SE (Centre-Cotentin). L'évolution des milieux de dépôt à long terme (2 Ma), déduite des enregistrements sédimentaires détermine une séquence régressive de la plate-forme marine à la plaine alluviale. Ce recul de la ligne de rivage est mis en relation avec le ralentissement de la subsidence (20 m pour 500 000 ans). Près des bordures, les mouvements relatifs des bordures contrôlent la préservation, la géométrie et la déformation des séries sédimentaires. Les séquences sédimentaires de comblement des bassins sont, à plus court terme, associées à des variations du niveau marin relatif sous contrôle glacio-eustatique. L'évolution des reliefs continentaux apparaît accentuée au cours du Pléistocène. Cette évolution est envisagée à partir des méthodes géomorphologiques : analyse du réseau de drainage, du modelé du relief, évolution de la géométrie des surfaces d'érosion. L'interprétation des données morphométriques suggère que la dynamique des reliefs est commandée, à l'échelle du Pléistocène, par les mouvements verticaux tectoniques le long de failles NW-SE ou WSWENE. Ces failles juxtaposent des secteurs soulevés et rajeunis, et des secteurs plus matures. Dans les zones en soulèvement, les dénivelés, les pentes des thalwegs et des versants sont plus accusés. Néanmoins, l'intensité de la dissection du relief (densité et fréquence de drainage) et la position reculée des knickpoints sur les profils en long suggèrent que les mouvements verticaux sont précoces dans l'histoire pléistocène. Les étagements des surfaces d'érosion confirment l'existence au Pléistocène de mouvements verticaux différentiels. De plus, l'étagement des marqueurs stratigraphiques montre que le soulèvement est discontinu dans le temps (3 à 2-1,8 Ma : 200 m ; 2-1,8 Ma à l'Actuel : 80 m). La confrontation des données géomorphologiques et géologiques (synthèse de bassin) et la comparaison avec les systèmes voisins du Nord-Ouest de l'Europe permettent de proposer un modèle d'évolution du système côtier du Cotentin, au Plio-Pléistocène.
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